[Réponse aux lecteurs] Sommes-nous trop nombreux sur Terre ?

Après avoir épluché les retours qui m’ont été faits suite à mon article sur la surpopulation, j’ai décidé d’apporter quelques…

[Réponse aux lecteurs] Sommes-nous trop nombreux sur Terre ?

Après avoir épluché les retours qui m’ont été faits suite à mon article sur la surpopulation, j’ai décidé d’apporter quelques clarifications.


Il y a une semaine, j’ai publié cet article :

Sommes-nous trop nombreux sur Terre ?
Autrement dit : est-ce irresponsable de faire des enfants au 21ème siècle ?medium.com

J’aime bien essayer de démêler des sujets tabous, et ça suscite évidemment des réactions.

Parmi toutes celles que j’ai pu lire sur Facebook, sur la page du Troisième Baobab et sous les différents partages de l’article sur les réseaux sociaux, j’ai vu que certaines remarques revenaient plusieurs fois. Je vais en parler ici.

Avant toute chose, je vais faire un petit rappel. Je n’avais pas jugé nécessaire de le faire dans l’article initial mais j’ai pu constater dans les commentaires que ça n’aurait pas fait de mal.

Quand on parle de démographie ou de “surpopulation”, on ne parle pas juste de chiffres. On parle d’êtres humains. Des êtres humains qui ont, comme nous, eux-aussi, des sentiments, des aspirations, des familles à nourrir ou à aimer.

C’est une chose importante à rappeler parce qu’on ne peut pas traiter un sujet pareil sans un minimum d’empathie et d’éthique.

Certains sont prêts à prôner des politiques de stérilisation massives, des génocides plus ou moins déguisés ou tout simplement la “non assistance” en cas de catastrophes naturelles de grande ampleur dans les pays en développement.

Mais uniquement dans les pays en développement. Nous, en Occident, on veut continuer à vivre tranquillement, à consommer, à être secourus en cas de catastrophe ou de maladie. Parce que nous, on le vaut bien !

A ceux qui ont raté cette leçon d’empathie primaire : ne faites jamais aux autres ce que vous n’aimeriez pas qu’on vous fasse à vous.

Alors s’il vous plaît, ne souhaitez pas des choses horribles aux autres. Ne les envisagez même pas.

Même s’ils sont pauvres, même s’ils sont loin, même s’ils n’ont pas la même couleur de peau ou la même religion. Ce sont des humains.


“Les gens se reproduisent de manière exponentielle”

Je comprends que certaines personnes aient cette impression. Et qu’elles en parlent dans les commentaires qui ont suivi mon article.

Dans le langage courant, “exponentiel” signifie “une croissance rapide et continue” (Larousse).

Et je comprends le verbe “se reproduire” comme le fait de “donner naissance à des individus de son espèce” (Larousse).

Donc j’en déduis que l’affirmation “les gens se reproduisent de manière exponentielle” signifie que les gens font de plus en plus d’enfants.

Sauf que dans mon article, j’ai expliqué que les gens font justement de moins en moins d’enfants. J’ai dit qu’aujourd’hui dans le monde, le taux de fécondité est de 2,5 enfants par femmes, et qu’on s’attend à ce que ce nombre continue de diminuer.

Quand je dis “on”, c’est les démographes, et notamment ceux de l’ONU. Donc des scientifiques qui étudient le monde tel qu’il est, avec des données factuelles et pas juste des “impressions”.

Donc quand j’affirme que les humains font de moins en moins d’enfants, et donc qu’ils ne se reproduisent PAS de manière “exponentielle”, ce n’est pas un délire de ma part. C’est un fait.

Pourtant je comprends que l’augmentation de la population ait l’air d’être exponentielle.

Mais l’augmentation de la population au 20ème et 21ème siècle n’est pas due à une augmentation exponentielle des naissances. Elle est due au recul sans précédent de la mortalité.

Je reformule pour que ce soit bien clair : si la population augmente, ce n’est pas parce que les gens font de plus en plus d’enfants. C’est parce que les gens arrêtent de mourir.

Pour comprendre ce qu’il se passe, je vous propose de découvrir ce que l’on appelle la transition démographique. Je vous mets ici une vidéo de l’Institut National d’Etudes Démographiques qui l’explique très bien.


“Il faudrait diviser la population mondiale par deux”

Malgré ce que j’explique dans l’article initial (il n’y a pas de “surpopulation mondiale”), certains veulent toujours faire diminuer la population mondiale en la divisant par deux ou par trois.

Pour certains, c’est une des meilleures solutions face à la crise environnementale. Ce serait même beaucoup plus important que de remettre en question leurs modes de consommation.

Mais qu’une telle diminution de la population soit souhaitable ou pas, de toute façon c’est absolument impossible.

Je le répète : C’EST IMPOSSIBLE.

La seule façon de le faire, ce serait un génocide et, rappelez-vous, on ne souhaite ça à aucun humain.

Ensuite, les seuls moyens par lesquels on peut faire diminuer le nombre d’enfants par femme tout en respectant les droits de l’Homme prennent beaucoup de temps. Parce qu’ils reposent sur des changements culturels majeurs, et c’est long.

Et donc, si on veut diviser la population mondiale par deux ou trois pour nous sauver de la crise environnementale, on fait comment ?

Tout ce qu’on peut faire, c’est accélérer la fin de la transition démographique, en promouvant l’éducation des femmes par exemple (je l’explique en détail dans le premier article).

Mais même si on arrivait rapidement à moins de 1,5 enfants par femme dans le monde, on ne repasserait sous la barre des 4 milliards que vers 2150.

Mais en 2150, il sera déjà trop tard pour résoudre la crise environnementale !

A vrai dire, si on ne fait rien d’autre d’ici-là, la planète sera de toute façon inhabitable pour l’espèce humaine à cause du changement climatique.

Donc j’enfonce le clou encore une fois : quelque soit le “nombre idéal” de personnes sur Terre, nous n’avons PAS le choix.

Nous ne pouvons PAS diviser la population mondiale par deux ou trois avec un coup de baguette magique.

Il faut faire avec ce qu’on a, et pas avec ce que l’on pourrait avoir dans un monde parfait mais irréel.

On est 7,4 milliards. Deal with it.


“Conclure qu’on peut continuer à faire des enfants, c’est irréaliste et naïf”

Certains commentaires surprenants laissaient entendre qu’il faudrait complètement arrêter de nous reproduire, et même nous suicider en masse !

Bon, je passe sur l’idée du suicide de masse.

Mais sinon, vous ne pensez pas que ce serait “irréaliste et naïf” de croire que l’on pourrait convaincre des centaines de millions de personnes de ne pas faire d’enfants ?

A vrai dire, la meilleure solution n’est pas de “convaincre” les gens de ne pas faire d’enfants. Mais plutôt de les inciter à en faire moins.

Et surtout de les inciter à réfléchir à notre impact sur la planète, sur les autres espèces vivantes, et sur les autres humains.

En fait, le sens de ma conclusion n’était pas : “continuez à faire des enfants et ne vous souciez de rien !”. Non, bien au contraire !

Ma conclusion, je la recopie ici :

“Alors, on peut continuer à faire des enfants ?

Oui, si on leur apprend l’empathie et le respect de l’environnement, si on donne les mêmes opportunités aux filles qu’aux garçons, et si on leur lègue une planète propre.”

Il semblerait que beaucoup de gens n’aient pas relevé que je posais plusieurs conditions non négligeables pour continuer à faire des enfants.

Je n’ai pas écrit cette conclusion pour faire joli. Il faut au contraire la prendre au pied de la lettre !

L’empathie et le respect de l’environnement sont absolument nécessaires pour remettre en cause nos mode de vie destructeurs. Et pour trouver des solutions durables et justes.

Donner les mêmes opportunités aux filles qu’aux garçons fait mécaniquement diminuer le nombre d’enfants par femme. Et donc, à long terme, la population mondiale, sans que personne n’ait à souffrir.

Léguer une planète propre à nos enfants, c’est une condition essentielle à leur survie. Si vous n’êtes pas intéressés par la survie de vos enfants, alors n’en faites pas !


Le problème n’est pas notre nombre, mais plutôt la manière dont nous gérons nos ressources. Ainsi que la manière dont nous traitons les autres êtres humains, et les autres espèces vivantes.

Ou pour le dire autrement :

Ce n’est pas la taille qui compte, c’est ce qu’on en fait.

Bisous, et à la prochaine !